5 févr. 2010

Mille et une nuits

Jacquemart-André, Cognacq-Jay, Nissim de Camondo : des banquiers et hommes d'affaires de l'industrieux XIXème, collectionneurs passionnés et amoureux de culture française au point de léguer à leur pays hôtels particuliers et collections. Naturellement, les musées d'aujourd'hui ont pris les noms des mécènes d'hier.

Pas tout à fait pourtant... dans la triade, voici deux couples de collectionneurs et un fils, Nissim de Camondo, aviateur mort pour la France en 1917 auquel Moïse, son père, dédie l'oeuvre de sa vie. Derrière cette famille séfarade de Constantinople se devine ainsi une histoire riche, mélange d'Orient et d'Occident, de fastes et de drames... une saga et un jeu de piste... l'invitation des Camondo pour cet hiver...

Saga, d'abord, car la très belle exposition abritée par le musée d'art et d'histoire du judaïsme jusqu'au 7 mars prochain retrace sur près d'un siècle et demi le destin de cette famille hors du commun mêlant diplomates, vizirs, aviateurs, artistes et esthètes entre Autriche-Hongrie, France et Empire Ottoman. Dans les différentes salles, l'histoire de la famille se confond avec celle des oeuvres qui viennent enrichir peu à peu ses collections et les goûts révèlent les personnalités... on croise tour à tour ainsi des tableaux académiques, de riches objets de culte, une étonnante collection asiatique, des toiles impressionnistes...

Jeu de piste, aussi, car nous n'avons sous les yeux qu'un échantillon de la collection... En effet, si Moïse de Camondo lègue sa collection avec son écrin - l'hôtel particulier de la plaine Monceau - son frère, Isaac, fait don de la sienne au Louvre en exigeant qu'elle soit présentée comme un tout pendant au moins cinquante ans... pour la première fois, du coup, des peintres vivants entrent dans le prestigieux musée. Pas pour longtemps néanmoins car, rapidement, la collection impressonniste déménage à Orsay qui ne peut faire concurrence aux 60 toiles et aux nombreux dessins et pastels réunis par Isaac, la collection asiatique, elle, emménage au musée Guimet tandis que le mobilier de la reine retrouve Versailles...

Exposition "la splendeur des Camondo : de Constantinople à Paris (1806-1945)"
Musée d'art et d'histoire du judaïsme
71 rue du temple (M° Rambuteau/Hôtel de ville)
Ouvert du lundi au vendredi de 11h à 18h, le dimanche de 10h à 18h et le mercredi en nocturne jusqu'à 21h.

Aucun commentaire: