Cet hiver, Paris prend de petits airs d'Amsterdam...
Tout a commencé au musée Jacquemart-André avec la collection Bruckenthal... Quelques Bruegel emplis de ces détails pitttoresques qui font tout leur charme, un bien curieux cabinet de curiosités peint et l'énigmatique homme au chaperon bleu de Van Eyck nous invitaient à une ballade au Nord.
Nous avions là les débuts de la peinture hollandaise mais, déjà, le cadre était posé...
... Multiplicité et originalité des thèmes avec, toujours, un incroyable souci du détails : approchez-vous des natures mortes, vous les verrez fourmiller d'insectes et de gastéropodes paresseux ; approchez-vous des paysages et détaillez-en chacun des inombrables et si vivants personnages ; approchez-vous des portraits, chaque poils de barbes, chaque soie de fourrure est individuellement travaillé...
... Délicieuse naïveté du traitement. Ici, point de grandiloquence : des enfants patinent sur des canaux gelés ; à la taverne, quelques joyeux lurons boivent ou jouent aux cartes ; la Sainte Famille elle-même semble habiter la maison d'à côté.
... Subtilité des constructions et des jeux de lumière qui atteindront leur apogée chez Rembrandt : jeux de clair/obscur, d'intérieur/extérieur, ciel d'hiver lumineux et froid...
Vraiment, il fallait aller plus loin... Heureusement, le Rijks Museum d'Amsterdam se faisant toiletter, ses précieuses collections prenaient quelques vacances à la Pinacothèque. Là, on découvrait la peinture hollandaise dans sa maturité... Un foisonnement de natures mortes, de bouquets, de scènes champêtres, de paysages hivernaux ou marins et de scènes de genre puis une belle série de Rembrandt, deux délicats Vermeer et, juste avant la sortie, une petite pièce inattendue avec ses carreaux décorés de scènes de jeux d'enfants et ses meubles de poupées.
Quelle tristesse de ne pouvoir contempler ces chefs d'oeuvre que lors de leurs épisodiques passages à Paris ! Quelle tristesse ? Quelle honte surtout de ne pas savoir que certains d'entre eux sont établis en France depuis des générations, entrés dans les collections de Louis XIV et désormais visibles en permanence au Louvre ! Direction l'aile Richelieu, 2ème étage et pas question de se perdre en route dans la peinture flamande ou l'école du Nord... aujourd'hui, pour être à la page, il faut être hollandais ! Au milieu des scènes de genres en tout genre et des natures vivantes ou mortes, on découvre une salle complète tapissée de Rembrandt... des autoportraits bien sûr - il en a peint une centaine après tout - du jeune Rembrandt conquérant au vieux peintre passé de mode et marqué par les chagrins mais aussi un ange mystérieux remontant dans les nuées, un boeuf écorché surprenant de réalisme et observé à la dérobée par la jolie fille du boucher et un philosophe absorbé dans ses pensées entre la fenêtre et l'escalier, double métaphore de la lumière et du mouvement de la raison... Pour finir notre parcours, deux Vermeer tout en finesse et en retenue... Une fois encore, approchez-vous, admirez le traitement, pointilliste avant l'heure, de la dentelle ; voyez la distance du personnage retranché derrière une chaise ou un coussin ; laissez vous toucher par la finesse des visages...
En bonus pour ceux qui iraient visiter ces collections et voudraient briller un peu...
... Saviez-vous que Rembrandt est en réalité le prénom de monsieur Harmenszoon van Rijn ? ... avec un nom pareil, le premier coup de génie est d'avoir compris qu'un nom de plume - de pinceau ?!- s'imposait !
... Saviez-vous que Vermeer a peint presque exclusivement des femmes ? Seulement deux hommes, un géographe et un astronome, sont répertoriés dans son oeuvre... et l'un d'eux est au Louvre !
Quelques détails pratiques pour qui voudrait refaire la ballade...
- la collection Bruckenthal est malheureusement repartie mais vous trouverez ici : http://www.culturespaces-minisite.com/brukenthal/01expo/parcours.html un excellent pis-aller
- le Rijks Museum est à la Pinacothèque (place de la Madeleine, entre les deux Fauchon) jusqu'au 7 février. Un conseil, visez un jour de semaine entre midi et deux... même si cette peinture s'accomode fort bien de se faire regarder de près, il est plus agréable d'éviter la foule ! Plus de détails ici : www.pinacotheque.com
- à l'inverse, il n'y a jamais personne au 2ème étage de l'aile Richelieu du Louvre mais les collections valent le détour. D'autant que, désormais, l'entrée est gratuite pour les moins de 26 ans ! Pensez aussi aux nocturnes des mercredis et vendredis ! Au cas où : http://www.louvre.fr/
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