Prenez un ciel noir. Pas gris. Noir. Ebène. D'encre.
Prenez Montmartre éclatant de blancheur sous la lumière menaçante de l'orage imminent.
A ce moment là seulement, pénétrez dans l'exposition Soulages.
Dans l'espace transparent offert par Beaubourg, vous verrez alors ces toiles noires et ces murs blancs entrer en résonnance avec la ville.
La vibration du noir.
La lumière émanant de sa négation même.
Même sans cela, allez faire cette exposition. D'autant qu'elle a été conçue en étroite liaison avec le peintre et se donne aux spectateurs comme un véritable chemin initiatique.
Les premiers pas de l'enfant qui cherche à "peindre la neige" au brou de noix, d'abord. Puis ceux du jeune homme fasciné par la transparence trouble de la verrière de la gare de Lyon et de ses fissures hâtivement colmatées au goudron après les bombardements de la dernière guerre. Les grands aplats de couleur, ensuite, fugitivement dévoilés sous le noir, déjà, et qui gagnent, par contraste, une luminosité irréelle, presque insoutenable. Les toiles qui s'épurent, perdent leurs couleurs, reproduisent comme à l'infini des signes noirs sur fond blanc. L'outrenoir, enfin. Le noir travaillé dans la profondeur, dans l'épaisseur de la couche de peinture que vient strier le stylet. Le tableau non plus accroché au mur mais suspendu, oscillant légèrement au milieu de la pièce, objet à part entière, indépendant, presque meuble. Et toujours, toujours plus semble-t-il, la lumière qui irradie du coeur même des toiles.
Près à tenter l'expérience ? Exposition Soulages, Centre Georges Pompidou jusqu'au 8 mars 2010
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire